02/02/2009

La cage aux lionnes

Avec « Leonera », le réalisateur argentin Pablo Trapero signe un film émouvant sur la prison au féminin.

Julia, 26 ans, se réveille un matin dans son appartement. Sans souvenirs de la veille mais couverte de sang. Près d’elle, les corps inanimés de deux hommes. L’un, blessé mais vivant, est son fiancé Ramiro. L’autre, mort, Justifierétait son amant. Et le père de son futur enfant.
Enceinte de quelques semaines, accablée par la déposition de son concubin, Julia est incarcérée en attente de jugement dans une prison spéciale : un pénitencier de la province de Buenos Aires où les détenues mettent au monde puis élèvent leurs enfants, le temps de purger leur peine.
Paumée, Julia découvre un univers hostile. La présence d’une co-détenue, Marta, la réconforte. Mais c’est surtout la naissance de Tomas qui transforme la vie de la jeune femme. Désormais, elle n’est plus seule.
Pourtant, la jeune mère le sait : son enfant ne restera à ses côtés que jusqu’à l’âge de 4 ans. Un évènement poussera Julia à aller au devant de son destin, peut-être pour la première fois de sa vie, afin de récupérer son fils.

La rencontre de deux mondes
En espagnol, «leonera » signifie « cage aux lions ». C’est aussi le nom donné à la cellule de transit avant incarcération. Dans le monde clos de la prison, Julia devient une lionne qui apprend à se battre pour ce qu’elle aime.
Du contraste entre ces mondes a priori aux antipodes - la prison et la maternité - naît la beauté du film. Et sa réussite. Les mâtons cohabitent avec les enfants, les barreaux avec les peluches. Une émeute vient rappeler les conditions difficiles de la vie en prison tandis qu’un gardien se déguise en père Noël pour faire rêver les bambins.

Entre fiction et documentaire
Le film est un drame à dimension humaine, dans lequel le documentaire n’est jamais loin: le tournage a eu lieu dans trois prisons argentines et avec la participation de vraies détenues.
En montrant le quotidien des mères détenues, le réalisateur argentin Pablo Trapero évoque une réalité peu connue, à laquelle colle parfaitement le jeu, très juste, de Martina Gusman, interprète de Julia et épouse du réalisateur. Grâce à son talent, l’évolution imperceptible de l’héroïne devient évidente. Une prouesse qui explique pourquoi l'actrice était pressentie pour recevoir la palme au dernier festival de Cannes. Jusqu’à la scène finale, le spectateur est comme happé par les angoisses de Julia.
A saluer également, la performance des seconds rôles, notamment Elli Medeiros dans le rôle de la mère et Rodrigo Santoro dans celui du petit ami.

Voir l'avant-première du film à la Cinémathèque française, en présence de Pablo Trapero et des deux actrices principales, ici:



«Leonera» Drame de Pablo Trapero, avec Martina Gusman, Elli Medeiros, Rodrigo Santoro. Durée : 1 h 53

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